terça-feira, 12 de junho de 2012

Colloques des Simples et des Drogues de L’Inde. Thesaurus. Garcia da Orta. «Physicien du roi en 1521, exerçant durant cinq ans à Castelo de Vide, proche de la frontière espagnole où s’étaient établis de nombreux nouveaux chrétiens comme lui, la carrière et la vie de Garcia da Orta sont transformées lorsque, après quelques années passées à. Lisbonne»



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Dirigé et présenté par Sylvie Messinger Ramos et António Ramos

Présentation
«Lorsque le livre de Garcia da Orta est imprimé à Goa, en 1563, la capitale de la vice-royauté du Portugal est encore la "cité dorée" décrite par les chroniqueurs et les voyageurs de toutes sortes qui, depuis sa conquête par Afonso de Albuquerque en 1510, viennent y chercher gloire, richesse et refuge aussi, pour certains.
Dans le cadre de cet avertissement, et bien que ce tratté apparente par de nombreux points Garcia da Orta aux chroniqueurs, on ne peut réduire l'auteur à la simple catégorie des médecins botanistes; il est une de ces personnalités d'exception produites par les Découvertes portugaises, ces Découvertes qui n'ont pu être accomplies par ce petit pays que grâce au goût des sciences, maritimes, mais pas seulement, à la curiosité et à l'expérimentation pragmatique.
Expérimentation: le mot revient souvent dans les déclarations de notre médecin physicien. Il a en effet étudié la médecine dans les universités de Salamanque et d'Alcalá de Henares, les plus célèbres d'Espagne. Là, il a lu, débattu, examiné les auteurs anciens: les Grecs et les Latins, les Arabes et les Persans. Il a, comme tous ses condisciples, ergoté sur telle traduction, sur telle description des simples qui constituent la pharmacopée de l'époque; il a lui aussi fréquenté les apothicaireries à la recherche de ces remèdes venus des Indes, ainsi que les Anciens appelaient toutes les terres inconnues, les vrais, les "rectifiés" ou "sophistiqués" car, comme tous ses condisciples et ses maîtres, il ne les connaissait pas par lui-même.
Physicien du roi en 1521, exerçant durant cinq ans à Castelo de Vide, proche de la frontière espagnole où s’étaient établis de nombreux nouveaux chrétiens comme lui, la carrière et la vie de Garcia da Orta sont transformées lorsque, après quelques années passées à. Lisbonne, il embarque en 1534 comme médecin personnel du nouveau “capitão-mor” (amiral) des mers de l’Inde, Martim Afonso de Sousa, son protecteur. A ses côtés, suivant ses campagnes militaires et diplomatiques jusqu'en 1538, Garcia da Orta découvre un monde encore très peu exploré, une société de colonisateurs culturellement moins développée, mais une partie du monde riche en produits appréciés et recherchés en Europe et au Proche-Orient: drogues, épices, pierres précieuses. Riche de son savoir, il le confronte, sans craindre de les critiquer, à celui des praticiens indiens mais surtout à celui des Maures et des Persans qui entourent Bahâdur Chah, le roi du Deccan devenu son ami et son patient.
Installé à Goa après le dépar de Sousa, le médecin portugais poursuit ses recherches, ne croyant que ce qu'il voit ou ce que lui rapportent des "personnes dignes de foi”. Disposant d’un jardin et d'un laboratoire en ville, disposant également de l'ile de Bombay où il fait cultivar, entre autres, des manguiers, il appartient à l'Inde du XVI siècle et son livre est le résultat de trente années d'études et d’observations non seulement des simples, des drogues et des matières médicinales de la région, mais également des différents pratiques et de leurs effets compares avec ceux obtenus suivant les préceptes anciens.
Médecin des grands persoonnages, Martim Afonso de Sousa revient comme gouverneur de 1542 à 1546, et des petites gens, des Portugais, des métis “casados” et des Gentils, Garcia da Orta a, comme tous les physiciens de l'époque, été forme à la philosophie, et il ne manque pas de juger en philosophe les moeurs de la région: celles.des “fidalgos” si portes sur la luxure, des banians qui s'interdisent d'attenter à toute vie et qui entretiennent un hôpital où ils soignent les oiseaux, des marchands tellement âpres au profit qu'ils ne se soucient guère de connaître les plantes dont ils tirent épices ou parfums, des négresses de sa maison qui consomment l'opium et se gavent de bétel, et jusqu'au comportement des éléphants, animaux fort admirables...»
In Garcia da Orta, Colloques des Simples et des Drogues de L’Inde, Thesaurus, Dirigé et présenté par Sylvie Messinger Ramos et António Ramos, Actes Sud 2004, Fundação Oriente, Centre Culturel Calouste Gulbenkian, ISBN 2-7427-4770-2.

Cortesia de Actes Sud/JDACT