quarta-feira, 6 de março de 2013

La Chastelaine de Vergi. René Ernst Victor Stuip. «A le cort vint li castelaine, qui plus ert blance que n'ert laine vint a la cort o ses puceles dont ele avoit ases de beles…»


Cortesia de wikipedia

NOTA: Conforme o original

La Chastelaine de Vergi
Avant-propos
«Depuis 1966, année où parurent les études de Lakits et de Lange sur La Chastelaine de Vergi on constate un intérêt renouvelé pour ce conte que tout le monde s'accorde à appeler avec Gaston Raynaud un des joyaux de la littérature française du moyen âge. Pourtant ce poème n'a pas encore eu Vhonneur d'une édition moderne, qui apporte toutes les informations dont on pourrait avoir besoin pour étudier avec profit le texte de ce roman d'amour. Une étude du vocabulaire par exemple était rendue difficile par le manque de glossaire. La rareté des remarques concernant la filiation des manuscrits entraîne un autre inconvénient: pratiquement tous les éditeurs ont parlé de cette filiation, mais en général ils n'ont pu que constater rapidement Véchec de leurs tentatives pour arriver à un stemma; alors, ils n'en reparlent plus. En outre les variantes présentées dans les éditions moderns ne suffisent pas à nous éclairer sur ce point. L'édition de Raynaud, trop ancienne, ne donne que les variantes des mss A-H, et encore ne sont-elles pas complètes. Ajoutons que d'autres manuscrits ont été découverts depuis lors.
En publiant cette nouvelle édition nous voudrions compléter dans la mesure de nos moyens ce qui a été fait déjà en y ajoutant de nouvelles recherches sur l'origine de l'auteur, des descriptions plus détaillées des manuscrits (avec quelques notes supplémentaires sur certains d'entre eux), des remarques sur les liens entre le texte français et les deux versions en moyen-néerlandais, un glossaire complet et deux index des rimes. Si intéressant que soit le sujet, nous ne parlerons pas des nombreux passages où apparaît le personnage de la Châtelaine de Vergy dans la littérature française à partir du XIIIe siècle. Notre intérêt se portant avant tout sur la langue du texte, nous ne nous occuperons pas non plus du côté stylistique de la ChV: nous nous permettons de renvoyer à l'étude de Lakits et à celle de P. Zumthor.
Notre texte de base ne sera pas le fameux ms. C (B.N.ffr. 837) don’t Raynaud, Foulet, Bédier et Whitehead se sont servis, mais le ms. A (B.N.ffr. 315) qui, à notre avis, présente un texte intéressant.
En ce qui concerne les autres mss de la ChV, nous avons cru pouvoir négliger dans le cadre de cette édition les copies du XVe et du XVIe siècle: ils nous donnent en général un texte modernisé, présentant parfois plusieurs interpolations. Dans l'Appendice nous donnerons une édition diploma tiqueu des mss connus du XIIIe et du XIVe siècle, afin de mettre à la disposition du lecteur le texte complet de ces copies. Vutilité en paraît tellement évidente que nous nous dispensons d'y insister. Nous avons contrôlé notre texte sur les mss à Paris (A C E F Go H), à Rennes (K) et à Bruxelles (I); pour les mss se trouvant à Berlin (B), et aux Etats-Unis dans une collection particulière (L), nous avons dû nous baser seulement sur un film et des photos.
C'est pour nous un devoir agréable, au terme de notre tâche, d'exprimer notre reconnaissance à tous ceux qui ont bien voulu nous aider, de quelque manière que ce soit. Nous remercions aussi l'Organisation Néerlandaise pour le Développement de la Recherche Scientifique (Z.W.O.), qui nous a permis d'aller une dernière fois à Paris pour y achever nos collationnements. Nous ne dirons jamais assez ce que nous devons aux sages conseils du Professeur L. Geschiere, qui a accepté de nous guider dans notre travail: sans son aide constante et précieuse nous n'aurions pu finir ce livre.


Introduction
Le Récit
Aucun éditeur du texte de La Chastelaine de Vergi n'a attiré l'attention sur le Sommaire qu'en donnait déjà au XIIIe siècle le poète Perrot de Neele. Celui-ci présente en 92 vers le contenu du récit dont il aurait été, selon Paulin Paris et Jordan, le copiste. Le texte de ce Sommaire se trouve dans le ms. B.N.fir. 375, notre ms. A, qui aurait été écrit aux environs de 1300. Il est possible que ce ms. (avec le Sommaire) soit la copie d'un autre ms. plus ancien, qui est perdu; sinon, il faut croire que Perrot de Neele a écrit son Sommaire après la compilation du ms. A, donc au début du XIVe siècle. Le fait que nous manquons de données sur sa vie nous met dans l'impossibilité de trancher la question. Le Sommaire, dont la première édition a été procurée en 1904 par Léo Jordan, n'est pas complet; dans le ms. A le premier feuillet en fait défaut, de sorte que nous n'avons plus que la moitié environ du texte; celui-ci commence au milieu du résumé de Floire et Blancheflor, qui porte le numéro 10. La Chastelaine de Vergi est selon la numérotation de Perrot le dix-huitième texte ou branche.

Li disse witisme de le castelaine de Vergi

Ceste branque, se Dius me saut,
Qui tos les pecoours asaut,
Parole de le castelaine
De Vregi, qui pas n'ert vilaine,

-Nieche estoit au duc de Borgongne,
Si com l'istoire le tesmongne-
Et d'un cevalier qui l'ama,
Si k'en la fin las s'en clama,

Ne quidies pas que je vous menche!
D'iaus fu faite tes covenenche:
Par cui l'amor ert descoverte
Li .i. de l'autre feroit perte,

Et par le petit caëlet
Que il veroit el praëlet
Quant il vauroit: totes les fois
Parleroit a li sans defois.

S'ores comment li dus ot cier
Le cevalier et le tint chier,
Comment entor lui repaira,
Comment la ducoise l'ama,

Comment li cevaliers refuse
La ducoise, et ele l'acuse
Envers le duc et li jura,
De coi ele se parjura,

Que li cevaliers veut avoir
L'amor de li par estavoir.
S'ores comment li dus jura
Que le cevalier ocira,

Que ja n'ara de lui pité
Se ne li dist la vérité.
S'ores cornent li cevaliers,
Qui tant ert bias et fors et fiers,

Jura au duc que riens n'amoit
Fors sa nieche, foi qu'il li doit!
Mais li dus ançois li jura
Que a nului ne le dira.

Si ores cornent la ducoise
Onques de priier ne s'acoise
Au duc, que par amor li die
Se li cevaliers a amie,

Car bien perçut que li dus sot
L'amor que li cevaliers ot.
Tant le blangi et tangona
Que li dus si s'abandonna

Que la vérité l'en descuevre,
De coi il fist mout vilaine ouevre.
S'ores cornent li dus tint cort,
Qui pas n'i tint son avoir court.

A le cort vint li castelaine,
Qui plus ert blance que n'ert laine
Vint a la cort o ses puceles
Dont ele avoit ases de beles;

Continua

In René Ernst Victor Stuip, La Chastelaine de Vergi, Edition critique du ms. b.n.f.fr. 375 avec introduction, notes, glossaire et index, suivie de l'édition diplomatique de tous les manuscrits connus du xiii et du xiv siècle, Promotor L. Geschiere, Academisch Proefschrift, Mouton, The Hague Paris, 1970.

Cortesia de Mouton/JDACT
Histórias de Amor de Outros Tempos, Retratos Vivos