La Rencontre entre Orient et Occident, Confrontation ou Fondement d'un
Humanisme?
«Nous avons, à Montpellier, le souvenir d’un grand orientaliste, René Grousset,
historien des croisades et de l’Asie, qui a acquis toute sa formation à l’Université
de Montpellier avant d’être le conservateur de plusieurs musées d’art oriental
à Paris. René Grousset a écrit de nombreux ouvrages sur les relations entre l’Occident
et l’Orient, sur les civilisations chinoise et indienne, et donc c’est dans l’esprit
de René Grousset que j’essaierai d’aborder ce thème: La rencontre entre Orient et Occident, confrontation ou fondement d’un
humanisme. Le titre donné à ce colloque, Occident, Orient: dialogue de
civilisations, est, je pense, très bien approprié. Il convient beaucoup
plus qu'un titre comportant des noms comme Europe,
Asie, car, dans les définitions de l’Europe
et de l’Asie, il y a des contraentes géographiques et les frontières sont, dans
ce cas, bien précises: Caucase, Oural, etc. Pour René Grousset, l’Europe est
allée jusqu’à l’Indus lors de la conquête d’Alexandre le Grand, mais, en
revanche, avec la conquête ottomane, l’Europe proprement dite s'est rétrécie. Les Balkans faisaient-ils partie de l’Europe
aux XVI et XVII siècles? Y a-t-‘il eu dans cette reencontre multiséculaire
Occident et Orient, de manière au moins intermittente, une forme d’humanisme,
c'est-à-dire cette position philosophique qui met l’homme et les valeurs humaines
au-dessus des autres valeurs?
L’Antiquité
La période de l’Antiquité montre des échanges entre l’Orient et l’Occident
qui sont décisifs, mais non synchronisés. C’est d’abord le rayonnement de la sagesse grecque qui retient l’attention:
dans la culture grecque il faut mettre en évidence les valeurs spirituelles et
les valeurs philosophiques. Platon, par l’interrnédiaire de son disciple
Socrate, affirme déjà l’immortalité de lâme, la nécessité de remonter vers le
monde des idées. Aristote, le précepteur d’Alexandre le Grand, un peu plus
tard, au début du IV siècle avant J.-C., définit un univers limité,
hiérarchisé, qui s’offre globalement à lemprise, à l’approche de la pensée
humaine. Il se fonde sur la logique, la science, mais, pour lui, le point de
départ reste quand même la métaphysique.
Il faut retenir aussi les valeurs politiques de la civilisation
grecque, en particulier celles apportées par l’orateur Périclès à Athènes au V
siècle. Il réduit les pouvoirs de l’aristocratie au bénéfice de la démocratie;
Platon lui-même a écrit, au siècle suivant, un dialogue qui s’appelle La
République».
In Gérard Dédéyan, La Rencontre entre Orient et Occident, Confrontation
ou Fondement d'un Humanisme?, Diálogo de Civilizações, Viagens ao Fundo da
História em Busca do Tempo Perdido, Reitoria da Universidade de Coimbra, 2003,
Imprensa da Universidade, Coimbra, 2004, ISBN 972-8704-37-2.
Cortesia da U. de Coimbra/JDACT